top of page

L'Afrique, désormais partenaire stratégique à part entière (Interview d'Emmanuel Kamdem, part II)

Photo du rédacteur: Business Science InstituteBusiness Science Institute


Au début de la crise sanitaire de 2020, les prévisions étaient catastrophiques pour l'Afrique. L'Organisation Mondiale de la Santé annonçait un scénario apocalyptique pour le continent. Pourtant, la réalité fut tout autre : l'Afrique a été l'un des continents les moins affectés par la crise. Certes, la jeunesse de sa population a joué un rôle atténuateur, mais au-delà des statistiques démographiques, c'est sa résilience, enracinée dans des dynamiques socio-culturelles profondes, qui a fait la différence.


Loin d'être passive face aux crises successives, l'Afrique se réinvente et affirme sa place sur la scène internationale. L’un des enseignements forts de cette période est l’émergence d’un nouveau modèle économique fondé sur la co-entreprise. Jusque-là, les multinationales opéraient en Afrique essentiellement via des filiales, répliquant un modèle descendant et souvent asymétrique. Aujourd’hui, un changement profond s’opère : les entreprises locales nouent des partenariats stratégiques avec ces firmes internationales. L’Afrique ne se conçoit plus comme un simple marché de consommation ou un espace de délocalisation, mais comme un acteur à part entière, force de proposition et d’innovation.


Dans l'ouvrage que nous avons dirigé avec Suzanne Marie APITSA (L'Afrique en transformation Enjeux et défis du management durable en contextes de crises.Caen :EMS Éditions.« Business Science Institute », 2024), nous mettons également en évidence des formes de résilience propres à l’environnement africain, issues notamment des cultures et des religions locales. L’exemple du Maroc pendant la crise pandémique en témoigne : les entreprises ont trouvé dans la religion un ancrage fort pour développer des stratégies de survie et de résilience. Ce phénomène peut surprendre un regard européen, mais en Afrique, la religion n’est pas seulement un instrument spirituel individuel : elle est aussi un levier collectif permettant de faire face aux chocs économiques et sociaux.


Ainsi, l’Afrique démontre que la transformation ne se fait pas uniquement à travers les standards imposés par les économies occidentales. Elle suit ses propres dynamiques, articulant tradition et modernité, adaptation et innovation. Loin des clichés, l’Afrique en transformation est une Afrique actrice de son avenir. L’enjeu, désormais, est de reconnaître pleinement cette dynamique et de cesser de considérer le continent comme un simple terrain d’expérimentation ou un partenaire mineur. Car l’Afrique, forte de sa résilience et de son entrepreneuriat, a déjà pris la place qui lui revient : celle d’un partenaire à part entière dans les transformations globales.


L’Afrique a longtemps été perçue à travers le prisme de ses fragilités. Pourtant, à chaque crise, elle démontre une résilience qui surprend. La pandémie de Covid-19, qui devait être un cataclysme, a finalement révélé une capacité d’adaptation hors norme. Là où d’aucuns prévoyaient l’effondrement, l’Afrique a résisté. Et mieux encore, elle a innové.


Cette capacité d’adaptation repose sur un double mouvement : une volonté affirmée de cesser d’être un simple réceptacle d’aides et une appropriation massive du digital par l’ensemble des populations. Car l’Afrique ne veut plus être un partenaire par défaut, elle entend être un acteur stratégique de plein exercice dans les transformations mondiales.



 



bottom of page