Professeur Michel Kalika
Président fondateur du Business Science Institute
Les communautés professionnelles se trouvent à un carrefour passionnant : leur est offerte la possibilité d'une poursuite vers l’excellence académique. Deux voies se dessinent pour ceux qui souhaitent approfondir leur savoir : le Doctorat traditionnel (PhD) et le Doctorat en Administration des Affaires (DBA). Mais quelle est la réelle différence entre ces deux parcours, et comment le DBA pourrait-il devenir un véritable moteur de changement au sein de notre société ?
Le PhD, souvent perçu comme la voie royale pour accéder à une carrière académique, se concentre sur des recherches théoriques. Il prépare ceux qui aspirent à devenir professeurs à temps plein, s’appuyant sur des concepts et des théories qui nourrissent notre compréhension du monde.
En revanche, le DBA, créé en 1953, s'adresse aux praticiens. Il s'agit d'un programme destiné à ceux qui, forts de leur expérience sur le terrain, souhaitent créer des connaissances applicables, notamment en matière d’innovation. Le DBA est donc orienté vers l’impact, qu’il soit managérial ou social, et il insiste sur la nécessité de fournir des recommandations concrètes basées sur des données probantes.
Il est clair que le DBA représente une richesse pour les communautés tant scientifiques que professionnelles. Non seulement il s'agit d'une opportunité d'apprentissage et de recherche, mais il est aussi un catalyseur pour un changement tangible. La valeur ajoutée du DBA réside dans sa capacité à générer des impacts réels, à transformer des pratiques managériales et à apporter des réponses aux défis sociétaux actuels.
Cependant, malgré ces atouts indéniables, la reconnaissance du DBA sur la scène internationale demeure inégale. Actuellement, les réglementations diffèrent d'un pays à l'autre, ce qui empêche le DBA d'être perçu comme un équivalent du PhD. Il est donc fondamental que nous, acteurs de l’éducation et de l’innovation, plaidions pour une reconnaissance globale de ce diplôme. Une telle démarche pourrait inclure l'organisation d'ateliers et de groupes de réflexion afin de clarifier et d’uniformiser ce qu'est le DBA sur le plan international.
La nécessité de former des "champions de l’impact" est plus évidente que jamais. Ces leaders doivent être encouragés à s'engager dans des programmes de mentorat. Dans notre communauté, nous avons déjà mis en place un groupe d'intérêt, le Frontiers of Impact, qui offre un cadre propice à la collaboration entre diplômés DBA et nouvelles générations. Les près de 180 alumni DBA que nous comptons représentent une ressource précieuse : leur expérience et leur savoir-faire peuvent grandement bénéficier aux futurs Doctorants-managers.
En somme, le DBA n'est pas qu'un diplôme. C'est un puissant instrument de changement qui peut catalyser l'innovation et la transformation des pratiques dans de nombreux secteurs. À nous de le faire reconnaître comme tel, pour que ses diplômés soient vus non seulement comme des praticiens, mais aussi comme des penseurs, des enseignants et des acteurs de transformation dans nos sociétés. C’est ainsi que nous pourrons construire ensemble un avenir où la pratique et la théorie s’uniront pour créer une véritable valeur ajoutée.