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Travailler demain : un futur qui commence aujourd’hui



Simon L. Dolan

Professeur

President of the Future of Work Foundation



Un monde sans frontières


Nous vivons une époque où les repères traditionnels du travail s’estompent. Le lieu n’est plus fixe. Le temps n’est plus linéaire. La hiérarchie se brouille. Le travail devient mobile, modulaire, recomposé à l’échelle d’un individu ou d’une équipe projet. On parle de télétravail, de travail hybride, de gig economy. Mais au fond, c’est toute la structure du travail qui mute.


Ce monde sans frontières n’est pas seulement géographique. Il est aussi intellectuel. Aujourd’hui, un ingénieur dialogue avec un philosophe, un designer avec un data scientist. Les disciplines se croisent. Les cultures aussi. Et les défis ne se laissent plus enfermer dans un seul cadre théorique.


Trois axes pour s’orienter


Dans cette complexité croissante, nous avons besoin d’un compas. J’ai proposé une approche simple en apparence, mais rigoureuse dans son application : une configuration à trois axes, que j’appelle triacale.


Premier axe : le talent. Il ne s’agit pas ici d’un don inné, mais d’un potentiel réel, situé, qu’il faut apprendre à identifier et à faire évoluer. Avoir du talent ne suffit pas. Encore faut-il le mobiliser au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes.


Deuxième axe : la passion. Elle est le moteur de l’engagement. Sans passion, toute activité devient contrainte. Avec elle, le travail peut devenir vocation. C’est la condition de la durabilité individuelle, bien au-delà des indicateurs de performance.


Troisième axe : l’éthique. Car il n’y aura pas d’avenir soutenable sans responsabilité. Dans un monde où l’intelligence artificielle accélère la production de contenu, l’humain doit rester garant du sens, du cadre, de la finalité. Travailler, c’est aussi choisir ce que l’on refuse.


Trois forces de transformation


Le travail de demain sera façonné par trois grandes dynamiques.


La première est technologique. L’IA, l’automatisation, la robotique, la réalité augmentée transforment à vive allure les tâches, les métiers, les modèles économiques. Ce n’est pas un détail. C’est une révolution des usages, des outils et des organisations.


La deuxième est globale. La mondialisation des compétences et des marchés n’est pas une idée abstraite. C’est une réalité quotidienne. Un individu peut aujourd’hui créer son propre emploi à partir d’un simple ordinateur, d’une idée et d’un réseau. La barrière d’entrée dans le monde économique n’est plus institutionnelle, mais cognitive et relationnelle.


La troisième est culturelle. L’innovation est devenue une exigence. Mais innover, c’est accepter l’incertitude, l’essai, l’erreur. La frontière entre la création et l’échec est fine. Et c’est souvent cette peur de l’erreur qui bloque le potentiel créatif des entreprises.


Le risque de l’épuisement


Dans ce contexte, le risque principal n’est pas seulement l’obsolescence des compétences, mais l’usure des individus. Le stress, le burnout, l’angoisse face à l’incertain ne sont plus des troubles marginaux. Ils deviennent systémiques.


C’est une question de santé publique, mais aussi de gouvernance. La performance durable suppose une capacité à transformer la pression en résilience, et la résilience en énergie. Cela implique des méthodes, des outils, un accompagnement. Et une vigilance accrue sur les valeurs portées par les organisations.


Former les leaders de demain


C’est pour répondre à ces enjeux que nous lançons, au Business Science Institute, un Doctorate of Business Administration (DBA) sur le futur du travail. Ce DBA repose sur une idée simple : former des leaders capables de penser, de mesurer, et d’agir.


Chaque doctorant sera invité à développer un concept, à le rendre mesurable, et à proposer une méthode d’intervention. Ce triptyque – concept, mesure, méthodologie – est la clé d’une recherche à impact. Et c’est la condition pour que la connaissance soit mise au service de la transformation.


Un avenir humanocentré et humanocentrique


Malgré les technologies, les algorithmes et les plateformes, le futur du travail reste profondément humain. C’est l’humain qui décide. L’humain qui crée. L’humain qui relie.

Il ne s’agit pas de nier la puissance des outils, mais de réaffirmer que leur finalité doit toujours être interrogée. L’organisation ne peut être un but en soi. Elle est un moyen au service d’un projet, d’un collectif, d’un progrès.


Ce que nous défendons, c’est une vision du travail comme espace d’émancipation. Un lieu où chacun peut développer son potentiel, dans le respect de soi, des autres et du monde.

Le futur du travail ne sera ni une menace, ni une promesse. Il sera ce que nous déciderons d’en faire.



 

Découvrir la conférence du Pr. Dolan à l'occasion du Séminaire international de Printemps du 27 & 28 mars 2025





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